vendredi 29 février 2008




Elie Cyper : inauguration du passage à Dijon portant le nom du Résistant.

Un passage près de la place Wilson à Dijon portera désormais le nom d'Elie Cyper, rabbin à Dijon en 1939.


Elie Cyperucha (dit Cyper) est né près de Kiev (Empire russe), le 12 septembre 1908. Il est encore enfant quand ses parents sont assassinés lors d'un pogrome, Elie Cyper parvient à fuir la Russie et trouve refuge en France grâce au soutien d'organisations juives. Il poursuit ses études à Paris, obtient son diplôme de rabbin et parallèlement une licence de Lettres et d’histoire et géographie à la Sorbonne. Il milite au sein de mouvements de jeunesse sioniste.
Il obtient la nationalité française en 1932, épouse en 1937 Denise Ebstein, les jumelles Arlette et Claudine naissent de cette union en 1938.
Il arrive à Dijon en janvier 1939, où il remplace le rabbin Kaddouche. Il se consacre alors à l’action sociale auprès des nombreux Juifs allemands réfugiés dans la région depuis l'arrivée d'Hitler au pourvoir.
Mobilisé en septembre 1939, il est fait prisonnier en juin 1940, s’évade puis rejoint Dole à la fin du mois d' août où il porte assistance au millier de juifs alsaciens et mosellans expulsés vers le Jura.
Surnommé « le rabbin des réfugiés », il est nommé en décembre 1940, adjoint au rabbin de Périgueux, Victor Marx, débordé par l’afflux de 12000 réfugiés juifs repliés en Dordogne dans des conditions très difficiles..
Le rabbin Cyper prend en charge l’animation de la communauté qu’il soutient partout dans le département. Il tisse alors de nombreux liens d’amitié avec des non-juifs qui se transforment en réseaux d’assistance et d’entraide.

Dès le mois d’août 1942, débutent en Dordogne de nombreuses rafles. Le rabbin devenu aumônier des camps apporte son aide aux internés, multiplie les démarches pour obtenir des libérations, organise l'envoi de colis, fait passer des vivres … y compris aux détenus en partance pour Drancy et Pithiviers.
En mai 1943, Elie Cyper adhère au mouvement de résistance Combat, assurant la liaison entre différents maquis. En lien avec l’Aide Sociale Israélite, il s’efforce de cacher des enfants et de donner l’alerte lorsque des rafles se préparent. En novembre 1943, il met ses filles à l’abri dans une institution tenue par des religieuses.
En février 1944, à la mort du rabbin Victor Marx, il prend officiellement la tête des communautés du Périgord. Début 1944, alors que les rafles se multiplient il convainc son épouse de trouver refuge dans la campagne.
Nommé Capitaine des FFI le 7 avril 1944, Elie Cyper est arrêté par la Gestapo le 8 avril, premier jour de Pessah. Son épouse et ses filles échappent à la déportation. Interné durant un mois à Périgueux, et malgré les protestations de l'évêque et du préfet, il est transféré à Limoges puis à Drancy. Déporté le 15 mai 1944 par le convoi numéro 73, Elie Cyper, âgé de 35 ans, ne survivra pas à la déportation.
Aucune source n’a permis, à ce jour, de connaître les conditions précises du décès du rabbin Cyper.
Toutefois, ce convoi a une histoire singulière qu’il convient de transmettre : exclusivement composé de 878 hommes dans la force de l’âge, le convoi 73 parti le 15 mai 1944 ne se dirige pas, contrairement à la plupart des convois partis de Drancy, vers Auschwitz, mais vers la Baltique. Officiellement destiné au transfert de travailleurs forcés pour l’opération Todt, le convoi composé de quinze wagons fait, à l’issue d’un trajet de trois jours et de trois nuits, une halte à Kaunas en Lituanie. Une partie des déportés reste sur place alors que l’autre est acheminée vers Reval ( aujourd’hui Tallin) en Estonie, comme on pu en témoigner les 23 survivants en 1945.
Le Père Patrick Desbois évoque la possibilité que certains déportés aient été assignés à l’incinération des cadavres - à Reval et à Riga - des Juifs assassinés par les Einsatzgruppen, c'est-à-dire à l’effacement des traces de la Shoah par balles à l’Est qui a fait entre 1,3 et 1,8 millions de victimes juives hors six centres de mise à mort. Les prisonniers de ces Sonderkommandos étaient régulièrement fusillés pour ne laisser aucun témoin.
On sait également que faisaient partie de ce convoi le père de Simone Veil, André Jacob et son frère Jean ainsi que Myrion Zlatin - qui avait avec son épouse Sabina dirigé la Maison d’enfants d’Izieu - et les deux adolescents de la Maison d’Izieu, Théo Reis et Arnold Hirsh. Aucun d’entre eux n’est revenu.


par l'association mémoire(s) vive(s), février 2008


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